Le travail de la laine – Du mouton au feutre

Le voyage de la laine commence au cœur de la bergerie, au printemps ou à l’automne, lors de la tonte. Chaque mouton est soigneusement tondu, une fois par an, pour assurer son bien-être et récolter sa toison. Cette première étape, réalisée à la main ou à la tondeuse électrique, donne une laine brute encore pleine d’impuretés.

Vient ensuite le tri de la laine. On sélectionne les parties les plus propres et les plus longues, idéales pour le feutrage. Les fibres trop courtes ou souillées sont écartées ou destinées à d’autres usages.

La laine est alors prête pour le lavage. On la trempe dans une eau tiède, parfois plusieurs fois, pour éliminer la poussière, la graisse naturelle (le suint), et les résidus végétaux. Une fois propre, la laine est égouttée et séchée à l’air libre, sans chaleur directe.

Une fois sèche, place à l’écharpillage (ou cardage manuel), qui permet d’aérer et de démêler les fibres. On les travaille à la main ou à l’aide de cardes (des brosses à dents métalliques) pour obtenir un voile de laine doux, prêt à être transformé.

À ce stade, la magie du feutrage peut opérer. Le feutre est obtenu grâce à une réaction naturelle : les fibres de laine, pourvues de petites écailles, s’accrochent entre elles lorsqu’elles sont soumises à la chaleur, à l’humidité et à la friction. Il existe deux grandes techniques :

Le feutrage à l’eau chaude (feutrage mouillé) : on dispose la laine en couches, on l’imbibe d’eau chaude savonneuse, puis on la presse, frotte et roule pour faire fusionner les fibres.

Le feutrage à l’aiguille (feutrage à sec) : on pique la laine avec une aiguille spéciale qui emmêle les fibres par frottement mécanique, idéal pour les formes précises et les petits objets.

Peu à peu, la matière se transforme, se densifie, se solidifie. Ce qui n’était qu’un nuage de fibres devient un objet, une création : boule, galet, accessoire, décoration ou œuvre d’art textile.